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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/173

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Santerre lui mit la main sur le bras et le mena à la barre à la même place et sur le même fauteuil où il accepta la constitution. »

Le roi jusque-là était sans conseil, mais on voit qu’il avait réfléchi sur ce qu’il avait à faire. L’histoire de Charles Ier surtout, qui refusa d’abord de répondre et demanda à parler lorsqu’il n’était plus temps, avait instruit Louis XVI et l’avait décidé à suivre une marche contraire. Il ne récusa point ses juges. Quoiqu’il eût fait entendre, au départ, qu’il ne cédait qu’à la force, il ne fit pas de difficulté de répondre au président comme à une autorité légitime.

À la première question : « Pourquoi avez-vous, le 23 juin 1789, entouré l’Assemblée de troupes et voulu dicter des lois à la nation ? » — Il répondit : « Il n’existait pas de loi qui me le défendît. J’étais maître de faire marcher des troupes, mais je n’ai point voulu répandre le sang. »

Il continua de répondre avec assez d’adresse et de présence d’esprit, tantôt se rejetant sur les ministres, tantôt alléguant la constitution même qui lui avait permis tels des faits qu’on lui reprochait, et, pour les faits plus anciens, alléguant que son acceptation de la constitution, en 1791, les avait comme effacés. Il soutint, pour le 10 août, qu’il n’avait rien fait que de défendre les autorités constituées réunies dans le château.

Plusieurs de ces réponses, d’une mauvaise foi évidente, étaient de nature à lui faire grand tort