Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/19

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que les politiques accordent sans scrupule aux circonstances, et qui semblent faire partie de la comédie de la royauté. Je parle de discours habituels, de conversations combinées de manière à faire croire, jusqu’en juin 1791, à son zèle constitutionnel, lorsqu’il rédigeait en même temps la déclaration du 20 juin, où il dément, désavoue toutes ses paroles, maudit ce qu’il a loué, s’avouant ainsi et se proclamant double, faux, menteur, dans l’acte le plus authentique.

L’éducation jésuitique qu’il avait reçue et la licence de mentir que ses prêtres lui donnaient n’est pas suffisante peut-être pour bien expliquer ceci. Dans sa dépendance même, il les connaissait cependant, ne les estimait pas toujours et ne leur eût pas obéi, s’il n’eût trouvé leurs avis conformes à ce que lui permettait sa conscience royale.

Le fond de cette conscience, nous le savons par le témoignage du plus grave de tous les témoins, de M. de Malesherbes, c’était la tradition royale, venue directement de Louis XIV ; mais bien plus ancienne : le principe du salut public ou de la raison d’État. Du temps de Philippe-le-Bel, on se servait du premier mot. Mais au dix-huitième siècle, sous Richelieu, Mazarin, Louis XIV, le second mot prévalait. Louis XVI, dès sa jeunesse, était fortement imbu de l’idée que le salut public est la loi suprême, qu’en son nom tout est permis.

Son valet de Chambre, M. Hue, raconte, dans ses Mémoires, qu’enfermé pendant la Terreur près de