Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/192

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cation veut former. Quant aux sciences de la nature, elles fournissent à la substance morale sans doute, à condition qu’elles soient enveloppées et pénétrées, vivifiées profondément par ce qui vivifie tout, par l’âme.

Au reste, la simplicité forte de l’idée morale, la religion du droit absolu manque également aux deux partis, à la Gironde, à la Montagne, à Condorcet, à Robespierre.

C’est précisément le moment où Robespierre, quittant sa doctrine primitive (Rien n’est utile que ce qui est juste), invoque, pour loi suprême, l’intérêt, le salut public.

S’il atteste la Providence, ce n’est pas comme témoin du droit absolu, c’est comme consolation ici-bas, ce qui est un intérêt, comme espérance d’avenir, ce qui est encore un intérêt éloigné.

Il flotte, comme son maître Rousseau, qui, dans l’Émile, pose le droit absolu, même indépendant de Dieu, et tellement absolu qu’il lui assujettit Dieu même ; — et qui, dans le Contrat social, éprouve le besoin de donner au droit une base autre que le droit ; il croit trouver cette base dans l’intérêt (l’intérêt public, l’intérêt privé. Livre II. chap. iv).

La pierre de touche des cœurs et des doctrines se trouve dans les deux questions qui occupaient l’Assemblée, la question du Jugement (tuer ? en vertu de quelle foi ?) et la question de l’Éducation (créer ? en vertu de quelle foi ?). — Ni l’un ni l’autre parti ne répondait nettement.