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Louis XIV a peur de son frère, et il l’étouffe de biens. Il réunit ces deux fortunes dans la main de ce frère, ancêtre des Orléans d’aujourd’hui. Rien que cent cinquante millions.

Le même Louis XIV, en face des Orléans, avait bâti une puissance, celle de ses deux bâtards, dotés chacun de cinquante millions. Ceux-ci s’éteignent sans autre héritier qu’une petite-fille, Mademoiselle de Penthièvre, qui, par mariage, porte les cent millions à la maison d’Orléans. Elle réunit deux cent cinquante millions.

Orléans-Égalité eut de son père sept millions et demi de rentes et de sa femme quatre millions et demi, — douze ou treize, en tout, selon le calcul le plus modéré.

Fortune entamée sans doute par l’argent considérable qu’il jeta dans la Révolution, mais d’autre part augmentée par des spéculations heureuses, spécialement par la construction du Palais-Royal.

Ces grandes fortunes ont cela d’être à peu près immuables. La Régence n’avait rien diminué à celle-ci, le Régent n’ayant pas mis un sol du sien aux choses de l’État, au contraire, ayant fait doter ses filles par le roi son pupille. La Révolution de 1793 n’y diminua rien. Madame d’Orléans rentra dans ses biens personnels dès 1795, et son fils retrouva le reste, soit comme bien non vendu, en 1814, soit dans le milliard de l’indemnité. La Révolution de 1830 enfin n’y diminua rien ; le roi, comme on sait, entra en chemise aux Tuileries, laissant tout à ses enfants.