Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/214

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parler de l’agitation des sections, des clubs, la famille, au moment du procès du roi, eut tout le trouble d’un club. Deux factions s’y trouvaient généralement en présence : l’homme indifférent ou républicain, la femme ardemment royaliste ; la question de la royauté se posait entre eux sur un débat d’humanité et de cœur, où la femme était très forte ; l’enfant même intervenait, prenait parti pour la mère. Le meilleur républicain se trouvait avoir chez lui la contre-révolution, audacieuse et bruyante, une insurrection de larmes et de cris.

Lanjuinais et Pétion, organes d’une partie de la droite, firent l’étrange proposition qu’on déclarât ne pas juger Louis XVI, mais prononcer sur son sort par mesure de sûreté générale. Ils demandaient encore qu’on accordât, pour l’examen de la défense, un ajournement de trois jours.

Le tumulte fut terrible. Un Montagnard du Midi, Julien, de Toulouse, jura au nom de la gauche qu’on voulait tuer la République, mais que les Montagnards ne lâcheraient pas pied, qu’ils resteraient immuables, que ce côté de l’Assemblée serait les Thermopyles de la Révolution, qu’ils les défendraient et qu’ils y mourraient.

Couthon, avec une force de raison que sa froideur apparente ne rendait que plus forte, établit que la Convention avait été élue pour juger Louis XVI et obtint que la discussion continuerait, toute affaire cessante. Mais rien ne put empêcher l’Assemblée d’établir la réserve proposée par Pétion :