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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/274

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au peuple. Les royalistes ne désespéraient pas néanmoins de son vote. Ils s’obstinaient à croire que l’ancien magistrat, comblé par le roi, hésiterait à condamner son maître. Lepelletier, quoi qu’il pût lui en coûter secrètement, entre son maître et son principe, fut fidèle au principe et vota la mort.

Beaucoup de royalistes conservaient l’espoir d’enlever le roi. Cinq cents s’y étaient engagés ; au jour fatal, vingt-cinq seulement parvinrent à se réunir ; c’est l’aveu du confesseur même de Louis XVI. Ces royalistes n’étaient pas tous des nobles ; c’étaient en grande partie des employés de la maison royale, d’anciens gardes constitutionnels ; cette garde, nous l’avons dit, avait été recrutée de spadassins, très braves et très hardis ; gens toutefois moins propres à la bataille qu’à frapper un coup isolé de duel ou d’assassinat. Ces bravi se tenaient cachés, généralement au centre de Paris, tel jour ici et là demain, dans des retraites fortuites, chez des femmes, surtout des filles, des marchandes, que leur péril intéressait. Les boutiques du Palais-Royal d’alors, surtout aux galeries de bois, obscures et basses, à double issue, semblaient faites exprès pour cela. Plusieurs étaient des caves. Dans ces trous, comme autant de dangereux scorpions, nichaient par moments les hommes à poignards. L’un d’eux, Pâris, fils d’un employé de la maison du comte d’Artois, se retirait la nuit dans une de ces échoppes, au lit de sa maîtresse, une jeune parfumeuse. C’était un homme de main, grand, leste, étonnamment audacieux, hardi. Ne pouvant