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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/281

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mains au ciel. Alors la pitié vainquit, les assistants fondirent en larmes, jusqu’au cordonnier Simon, le féroce gardien du Temple : « En vérité, dit-il, mettant sa main sur ses yeux, je crois que ces s… femmes me feraient pleurer !… »

Le roi paraît avoir senti, dans sa profonde douleur, le bonheur amer d’être aimé enfin, pour mourir… Ce fut la cruelle blessure qu’il montra lui-même au prêtre qui le confessait, au moment de la dernière séparation : « Hélas ! faut-il que j’aime tant et sois si tendrement aimé ! »

On voit, dans son testament, que par un sentiment de générosité et de clémence qui fait honneur à son cœur, une de ses dernières craintes était que cette chère personne, qui n’avait pas aimé toujours, n’eût quelques remords du passé. Cela est exprimé avec beaucoup de délicatesse ; il lui demande d’abord pardon lui-même des chagrins qu’il peut lui avoir causés : « Comme aussi elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher. »

La religion était tout son secours dans ses extrêmes épreuves. Dès son arrivée au Temple, il s’était fait acheter le bréviaire de Paris. Il le lisait plusieurs heures par jour, et chaque matin priait longtemps à genoux. Il lisait beaucoup aussi le livre de l’Imitation, s’affermissant dans ses souffrances par celles de Jésus-Christ. L’opinion qu’avaient sa famille et ses serviteurs qu’il était un saint aidait à le faire tel. Il s’épurait de ses faiblesses, de ses