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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/304

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Entre le roi, qui est l’ennemi, et l’Assemblée constituante, qui connive avec l’ennemi, Brissot cherche un point d’appui dans la cité même. Il pose en principe que la cité a droit d’organiser la cité en ce qui touche ses intérêts spéciaux ; il soutient que les cités fédérées d’une province ont même droit en ce qui touche l’intérêt provincial. « Toutefois, dit-il, les principes des administrations municipales et provinciales doivent être entièrement conformes à ceux de la constitution nationale. Cette conformité est le lien fédéral qui unit les parties d’un vaste empire.

Ce petit mot fédéral, saisi par les royalistes en 1789, repris par les Jacobins en 1793, a fait guillotiner Brissot et toute la Gironde avec lui.

Royalistes et Jacobins ont dit unanimement : « Pesez-bien ce mot fédéral. N’est-il pas évident que Brissot veut abaisser la France à l’état d’une fédération de provinces, comme celle des États-Unis d’Amérique, ou plutôt la dissoudre en poudre impalpable, établir en France quarante-quatre mille petites républiques ? »

Cela n’est nullement évident.

D’abord une fédération dont chaque élément municipal et provincial se fonderait sur des principes entièrement conformes à ceux de la constitution nationale, comme le dit ici Brissot, ne ressemblerait nullement à la fédération américaine. Il faut être bien étourdi ou volontairement aveugle pour confondre une fédération d’éléments identiques, dont il s’agirait ici,