Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

leur part dans les funérailles. C’était pour eux aussi que les drapeaux se voilaient de crêpes, que les tambours battaient ces roulements funèbres, que les trompettes, contenues sous leurs sinistres sourdines, sonnaient à voix basse comme un chant de mort.

Sûrs de périr, l’étaient-ils de périr utilement ? Ils allaient laisser des lois. Mais que sont les lois sans les hommes ! La Révolution ne serait-elle autre chose que la promulgation d’une formule sublime, léguée au monde futur, inutile au monde présent, vers laquelle il va se dressant toujours, mais pour retomber toujours ?… Plus d’un eut ces sombres pensées.

Ils arrivèrent ainsi devant le Panthéon, où le frère de Lepelletier prononça l’adieu solennel, promettant de publier l’œuvre du mort, ce qu’il appelait son plan d’éducation, et ce que, dans notre vénération reconnaissante, nous appellerions la Révolution de l’enfance.

La Convention, rangée autour du cercueil qu’il fallait laisser, jura le salut de la Patrie. Tous, Montagnards et Girondins, faisant encore trêve à leurs haines, se promirent union et fraternité, mot sincère, nous le pensons, dans ce grand danger public. Il fut dit alors pour la dernière fois.