Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/320

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sauvage état de nature : qui pourra prendre prendra.

Le premier acte fut le sacrifice mutuel que se firent l’Angleterre et la Russie des deux causes où l’une et l’autre semblaient engagées d’honneur. L’Angleterre avait gémi, grondé pour la Pologne ; la Russie faisait de la chevalerie pour la liberté des mers, l’indépendance des neutres. Elles ne s’en souviennent plus. C’est comme un partage tacite entre les deux grandes puissances : à moi la mer, à toi la terre.

Le 16 février, nouvelle invasion de Pologne. La Prusse entre pour protéger les libertés polonaises ; seulement, une fois entrée, elle s’aperçoit qu’elle ne peut atteindre son but qu’en s’appropriant Dantzig (24 février).

Nous allons de même voir tout à l’heure les Autrichiens et les Anglais, pénétrés d’horreur pour la mort du roi, saisir Toulon et les places du Nord dans l’intérêt royaliste. Seulement, une fois entrés, les Autrichiens, dans Condé, arborent l’aigle impériale. Les Anglais, maîtres de Toulon, font défense à l’émigration, au frère du roi, d’y venir. Les émigrés sont furieux : « En ce cas, dit l’un d’eux, il ne nous reste rien à faire de mieux que de nous joindre aux Jacobins. »

Il est un point de la France où le royalisme fut héroïque, la Vendée. C’est le point où les Anglais ne voulurent jamais descendre. Charette et autres les en prièrent et supplièrent, toujours inutilement. Ils ne donnèrent des secours qu’indirects, pour faire