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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/334

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vrages l’indiquent) semble avoir été de ceux qui se seraient contentés des premières conquêtes de la Révolution, et qui, la voyant emportée sur une pente si rapide, acceptèrent sans difficulté une mission étrangère.

Il arrive, avec un ami, envoyé de notre ambassade de Naples. Ils voient du premier coup tout préparé pour les recevoir. Le lâche gouvernement, ne se fiant nullement à ses forces régulières, avait appelé de tous côtés les recrues sauvages des montagnards de l’Apennin. On avait prêché dans les chaires, et le soir surtout dans les confessionnaux aux femmes éperdues, que ces Français sacrilèges venaient, dans la ville sainte, lever le drapeau de Satan. Les femmes brûlaient des cierges, priaient et hurlaient ; les hommes repassaient leurs couteaux.

Nos Français entrent bravement, la cocarde sur l’oreille, et sont de toutes parts accueillis par des cris de mort. Ils sont sourds, n’entendent rien. Des personnes charitables les engagent à mettre en poche le signe maudit… Ils passent outre et, à travers ces flots de foule furieuse, ils s’en vont au palais du cardinal Zelada montrer leurs pouvoirs, le sommer de reconnaître la République française. N’obtenant rien, sans se décourager ni s’intimider, ils mettent leur voiture au pas et reviennent lentement. Il était quatre heures du soir (le 13 janvier 1793). Assaillis d’injures, d’indignes menaces, ils firent une chose hardie : soit pour soutenir