assassins. On l’abat d’un coup de feu. Il tombe, mais se relève, serrant et baisant encore sa médaille de magistrat. Nouveau coup de feu ; il tombe sur un genou, se traîne jusqu’au bord d’un fossé, dans une tranquillité stoïque ; pas une plainte, pas un cri de colère ni de désespoir. C’est ce qui portait au comble la rage de ces furieux. Il ne disait que ces mots : « Mes amis, achevez-moi !… » et « Vive la République !… Ne me faites pas languir, mes amis… Vive la nation ! » Il confessa sa foi jusqu’au bout ; on ne lui imposa silence qu’en l’assommant et l’écrasant à coups de crosses de fusil.
Sauveur n’a pas un article dans les biographies. La Convention avait donné son nom à sa ville. Bonaparte l’a ôté. Les préfets de Bonaparte ont écrit des livres à la gloire des Vendéens… France ingrate, France oublieuse, qui n’honores que ceux qui t’écrasent, et n’as pas un souvenir pour ceux qui moururent pour toi !…
Une différence essentielle que nous avons signalée entre la violence révolutionnaire et celle de ces fanatiques animés des fureurs des prêtres, c’est que la première, en tuant, ne voulait rien autre chose qu’être quitte de l’ennemi. L’autre, fidèle à l’esprit de la férocité sacrée des temps de l’Inquisition, voulait moins tuer que faire souffrir, faire expier, tirer de l’homme (pauvre créature finie) d’infinies douleurs, de quoi venger Dieu !
Lisez les doucereuses idylles des écrivains royalistes, vous serez tentés de croire que les insurgés