Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/427

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Le 15 mars, il attaqua Chantonnay et s’en empara.

Au premier moment on crut, et les représentants Carra et Niou écrivirent que le généralissime de la Vendée était le perruquier Gaston. On le crut à la Convention, on le répéta dans toute l’Europe. Tant cette guerre et ce pays étaient peu connus ! Dans la réalité, il y avait vingt chefs, tous indépendants. Les plus considérables toutefois dans ces parages étaient MM. de Royrand et de Sapinaud, deux officiers nobles que les paysans avaient forcés de prendre le commandement. Gaston, très probablement, se rallia à eux, et leurs forces combinées se trouvèrent le 19 en face du vieux général Marcé, qui, sans consulter son âge, était parti de La Rochelle avec cinq cents hommes de ligne, auxquels se joignirent sur la route beaucoup de gardes nationaux. Marcé eut son cheval blessé, ses habits et ceux de ses fils tout percés de balles. Il resta presque seul. Une partie de sa troupe s’enfuit et entraîna tout.

Qui empêchait l’insurrection d’être maîtresse absolue du pays ? Rien dans la haute Vendée, absolument rien. Dans la basse, un brave officier, le général Boulard, se maintint toujours avec peu de forces, appuyé tantôt des vaillantes gardes nationales du Finistère, tantôt de celles de Bordeaux. Celles-ci avaient montré un patriotisme héroïque. Partis de Bordeaux, à la première nouvelle de l’insurrection, sans se reposer d’un si long trajet, les bataillons de la Gironde attaquèrent partout les Vendéens à la baïonnette, et rien jamais ne tint devant eux.