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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/432

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son armée dans Mayence et venant se réfugier sous le canon de Landau ! voilà ce qu’on savait de l’Est. Nous reculions de toutes parts. Par l’Est comme par le Nord, elle pesait sur nous maintenant, cette grande et lourde Allemagne, elle semblait nous retomber de la masse irrésistible de ses quarante millions d’hommes. La France, succombant sous le poids, appuyait au centre, à l’Ouest, sur quoi ? Sur la guerre civile, sur la ruine et sur la mort.

Il ne faut pas s’étonner si, dans de telles circonstances, personne ne songea à poursuivre sérieusement les auteurs du mouvement du 10 mars. On ne voulut voir en eux que de violents patriotes, qui avaient suivi trop aveuglément une fureur, après tout, légitime, contre les endormeurs coupables de la presse girondine. Tout ce que celle-ci avait atténué, nié, était trop réel et se vérifiait jour par jour. Comment d’ailleurs la Convention eût-elle pu rendre justice à la Gironde ? Celle-ci, au lieu de préciser ses accusations, de nommer tel individu, y englobait des corps entiers, et la Montagne, et la Commune, et les Jacobins, tout le monde.

La nouvelle de l’Ouest sembla un moment réconcilier la Convention. Elle fut unanime contre les assassins de la France.

La Gironde demanda que les insurgés bretons fussent envoyés au tribunal révolutionnaire. Le Breton Lanjuinais, dans sa loyale indignation contre les traîtres, voulait de plus que l’on confisquât les biens de ceux qui auraient été tués.