Le récit de Dumouriez, parfaitement calculé pour obscurcir tout ceci, a été accepté sans débat par Jomini ; tous ont copié Jomini. Il n’en a pas moins été démenti, ce récit, détruit et pulvérisé : 1o par les ordres écrits que Dumouriez donna lui-même ; 2o par Miranda, un honnête homme, dont la parole vaut beaucoup mieux que la sienne ; 3o par un témoin à coup sûr impartial, le général des Autrichiens, Cobourg, qui dans son récit s’accorde avec Miranda. C’est avec raison que Servan et Grimoard, les meilleurs juges des guerres de ce temps, ont préféré le récit conséquent de Miranda à celui de Dumouriez, insoutenable et contradictoire, qui se trompe (volontairement) sur les nombres, les heures, les lieux, les choses et les personnes.
Dumouriez prétend que sa droite garda l’avantage, que Neerwinde, pris et repris, lui resta le soir. Cobourg affirme le contraire. Ce qui est sûr, c’est qu’à la gauche Miranda fut écrasé. Il perdit près de deux mille hommes dans des attaques obstinées qui durèrent sept heures. Le prince Charles eut enfin l’avantage définitif ; ses grenadiers avancèrent, et, par une chaussée, firent mine de couper nos volontaires, qui reculèrent en désordre. Il n’y eut plus moyen de les retenir.
Ici s’ouvre un débat entre Dumouriez et Miranda. « Miranda devait m’avertir », dit le premier. Miranda affirme qu’il l’a averti. Il a prouvé, par témoins, au tribunal révolutionnaire, qu’il a envoyé en effet un exprès au général. Ce message peut-être n’est pas