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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/467

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rejetant sur lui la défaite, l’envoya au tribunal révolutionnaire, le mit à deux doigts de la mort !

La conclusion de ce plaidoyer contre la Gironde, c’est qu’il fallait juger la reine (ceci était inattendu), juger tous les Orléans, les complices de Dumouriez. — Il entendait les Girondins… Arrivé là, l’émotion de sa haine fut si forte qu’il lui échappa une chose non préparée certainement. Il rit de ce rire contracté qui était cruel à voir. Son visage exprima son nom, le nom terrible qui lui fut lancé un jour : « L’éternel dénonciateur… La nature l’y a condamné ! »

Il croyait bien tenir sa proie et qu’elle n’échapperait pas. De là cette ironie froide : « Oserais-je nommer ici des patriotes aussi distingués que Messieurs Vergniaud, Guadet et autres ? Je n’ose dire qu’un homme qui correspondait avec Dumouriez, que Monsieur Gensonné doive être accusé… Ce serait un sacrilège… »

À ce réquisitoire immense, laborieusement écrit, Vergniaud répondit avec une facilité, une grandeur admirable, qui témoigne moins encore de son éloquence que de la pureté de son cœur. Partout l’accent de la vertu. Il accepte sans difficulté le reproche que méritait la France, celui d’avoir voulu la guerre et de n’avoir pas voulu septembre. Il écrase d’un seul mot l’accusation insensée qui représentait la Gironde comme complice de Dumouriez dans son projet de placer les Orléans sur le trône, lorsque tout le monde avait vu les Girondins, au contraire, demander obstinément l’expulsion, le bannissement