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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/496

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des capitalistes, il le serait par des réquisitions impératives adressées aux riches. Ces fonds seraient affectés aux dépenses militaires et aux secours que réclame l’indigence. »

Ce plan généralisait, systématisait les mesures que la nécessité avait imposées, dans le Nord et dans l’Ouest, sans l’aveu du gouvernement. Marseille et Bordeaux, on l’a vu, par l’élan d’un patriotisme admirable, avaient pris d’elles-mêmes des mesures analogues.

La sagesse de ce plan, c’est qu’il était à la fois, si l’on peut parler ainsi, très local et très central. Il fouillait profondément la localité, la perçait à jour pour en saisir les ressources ; il voyait de l’œil local, le seul qui puisse bien voir. Mais la décision ne venait pas de l’autorité locale ; elle eût semblé passionnée, faussée par les jalousies, les rancunes, les petites haines. La décision se faisait au centre départemental, et sous l’influence du centre national, je veux dire sous l’influence des commissaires de la Convention.

La réquisition, l’appel de la patrie en péril qui saisit l’homme au foyer et lui dit : « Viens mourir pour moi », pouvait-elle être obéie, si elle avait pour organe une petite municipalité, laquelle souvent n’est qu’un individu, un procureur de village, un homme mésestimé, un voisin jaloux, un ennemi ?… Non, c’est d’en haut qu’elle devait parler, commander, agir. Et plus elle tombait de haut, plus elle tombait avec poids. Nul n’avait de résistance, nul