Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/520

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Guadet hasarda alors deux propositions très graves. L’une reproduisait l’idée dangereuse, déjà émise plusieurs fois, de réunir à Bourges les suppléants de l’Assemblée. L’autre demandait que la Convention cassât toutes les autorités de Paris.

Il eût fallu, du moins, avant tout, que la Convention désarmât ces autorités, qu’elle leur ôtât le droit de requérir la force armée, qu’elle reprît elle même ce droit, le mît entre les mains de son Comité de salut public.

C’était évidemment sur le courage du Comité de salut public ou d’exécution que toute la révolution proposée par Guadet allait reposer. S’il y avait bataille dans Paris, le Comité se trouvait être, en quelque sorte, le général de la Convention. Eût-il accepté un tel rôle ? L’idée seule faisait frissonner Barère. Le Comité n’avait pas d’ailleurs l’unité indispensable pour une telle exécution.

Barère s’élance à la tribune, écarte du Comité la responsabilité qui allait tomber sur lui. Le svelte et agile orateur y donne l’étonnant spectacle d’une évolution légère qui met tous les chiens en défaut. Il frappe à gauche, déplore les excès de la Commune… La droite commençait d’applaudir. — Barère alors, sans perdre de temps, se rejette contre la droite : « Casser les autorités de Paris ! dit-il ; si je voulais l’anarchie, j’appuierais cette proposition. (Applaudissements de la gauche.) Il faut créer une commission de douze membres qui examine les arrêtés de la Commune, qui entende les ministres et prenne des