Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/69

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au club, d’écouter l’infini bavardage d’une société si mêlée, des parleurs infatigables qui ne quittaient presque jamais la tribune des Jacobins, Chabot et Collot, Collot et Chabot. Le comédien de province, hardi par l’ivresse, lançait ordinairement les choses. Puis le capucin venait appuyer avec des farces ; sa face, allumée de luxure vers les tribunes des femmes, faisait rire, même sans parler. Fort supérieur à Collot, parfois plein de force et de sens, cet excellent bateleur, spirituellement trivial, mettait l’assaisonnement ; il allait remuant, salant, au goût de la foule, aussi bien et mieux que n’eût fait son père, le cuisinier de Rodez.

On a vu comment, le 23 septembre, la guerre commença par la presse du côté de la Gironde, par la parole aux Jacobins. Chabot, ce jour-là, tenait le fauteuil de président et Collot parlait : « N’est-ce pas chose scandaleuse de voir des députés qui se disent Jacobins et qui font des réunions hors des Jacobins ? Que vont-ils chercher ailleurs, ces patriotes ? N’est-ce pas ici la serre chaude qui fait germer la plante républicaine qui étend ses rameaux sur l’empire français ? N’est-ce pas ici seulement qu’il faut la cultiver ?… »

Cette sommation fut entendue, et Pétion, le lendemain, revint enfin à la société dont il était le président nominal. On a vu cette séance. Tout s’y dessina nettement. Chabot dit qu’il fallait, avant tout, forcer la Convention de constituer un gouvernement. En réponse aux articles de Brissot qui dénonçait un parti