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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/85

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sier ; un heureux hasard le voulut ainsi ; mais, s’il y revint, s’y fixa, ce ne fut en rien un hasard.

Au retour de son triomphe d’Arras, après la Constituante, en octobre 1791, il s’était logé avec sa sœur dans un appartement de la rue Saint-Florentin, noble rue, aristocratique, dont les nobles habitants avaient émigré. Charlotte de Robespierre, d’un caractère raide et dur, avait dès sa première jeunesse les aigreurs d’une vieille fille ; son attitude et ses goûts étaient ceux de l’aristocratie de province ; elle eût fort aisément tourné à la grande dame. Robespierre, plus fin et plus féminin, n’en avait pas moins aussi, dans la raideur de son maintien, sa tenue sèche, mais soignée, un certain air d’aristocratie parlementaire. Sa parole était toujours noble, dans la familiarité même, ses prédilections littéraires pour les écrivains, nobles ou tendus, pour Racine ou pour Rousseau.

Il n’était point membre de la Législative. Il avait refusé la place d’accusateur public, parce que, disait-il, s’étant violemment prononcé contre ceux qu’on poursuivait, ils l’auraient pu récuser comme ennemi personnel. On supposait aussi qu’il aurait eu trop de peine à surmonter ses répugnances pour la peine de mort. À Arras, elles l’avaient décidé à quitter sa place de juge d’Église. À l’Assemblée constituante, il s’était déclaré contre la peine de mort, contre la loi martiale, et toute mesure violente de salut public, qui répugnaient trop à son cœur.

Dans cette année, de septembre 1791 à septembre 1792, Robespierre hors des fonctions publiques,