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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/115

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Le président, noblement : « Que demande le peuple ?… La Convention n’est occupée que de lui et de son bonheur… »

Le général, branlant la tête : « Hérault, le peuple n’est pas levé pour écouter des phrases, mais pour donner ses ordres… Il lui faut trente-quatre victimes.

— Des victimes ? crient les députés, nous le serons tous ! — À vos pièces ! canonniers ! » crie le général. La comédie était prévue. On commence la manœuvre, on pointe six pièces de canon sur trois cents hommes sans armes. En même temps, une vingtaine de vauriens sortent des rangs et présentent la pointe des sabres et des baïonnettes…

Ce n’eût été que ridicule, si ces gens n’avaient été ivres. Henriot, d’ailleurs, savait-il que la Montagne fût sortie pour accompagner la droite ? Il pouvait croire que la droite seule était devant lui… Le canon pouvait aussi tirer au hasard ; les idiots qui manœuvraient étaient, pour la plupart, canonniers depuis deux jours. Quelqu’un saisit fortement le président par le bras et le fît tourner à gauche, vers le pavillon Marsan. Il se laissa faire et il entraîna à gauche toute la Convention. Elle ne trouva de ce côté que respect et que silence. Si Hérault eût sérieusement voulu ouvrir les rangs à l’Assemblée, lui faire percer ce rideau d’hommes armés, qui visiblement hésitaient, il est probable qu’il l’eût pu et que la Convention se fût réfugiée dans les rangs de la garde nationale.

La mollesse d’Hérault de Séchelles venait, en réalité,