Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/12

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mesure commune à un vaste public, ni au-dessus ni au-dessous.

Ce que je viens de dire est l’exacte expression du type jacobin, aux commencements. Pour juger leur esprit critique, honnête, moyen et médiocre, il ne faut pas trop regarder à Paris le brillant club, formé de députés, de l’illustre Duport, des intrigants Lameth, du spirituel Laclos (orléaniste), etc. Il faut voir bien plutôt les sociétés de province qui se formèrent en même temps, et dont le caractère durable fut celui du vrai Jacobin. J’en ai donné (juillet 1790) un très excellent spécimen dans un acte inédit de Rouen. (Archives nationales.)

Le premier but des Jacobins fut d’aider le Comité des recherches, créé pour surveiller la cour, peu après la prise de la Bastille. Mais, outre leurs observateurs, les Jacobins avaient des lecteurs pour instruire le peuple, des consolateurs pour le soulager. Comprimer les forts, soutenir les faibles, ce fut leur première mission. J’ai montré dans mon Louis XVI et aux premiers volumes de la Révolution quelle indigne terreur faisait peser sur tous la classe noble, les gens d’épée, la terreur de l’escrime, du préjugé d’honneur. Les Jacobins biffèrent et supprimèrent cet honneur-là, ils se firent respecter et terrorisèrent à leur tour.

Contre les castes, alors si fortes encore, il fallait une caste sévère, inquiète. Il fallait une police courageuse qui marquât, signalât, qui fascinât surtout ces ennemis insolents et puissants. Les