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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/134

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Sans parler des Montagnards neutralistes, Barère, Grégoire et autres, les Montagnards dantonistes, hommes d’élan, de passion, Desmoulins, Fabre d’Églantine, Legendre, Phelippeaux, Thuriot, qu’ils eussent ou qu’ils n’eussent pas le diplôme jacobin, étaient opposés à l’esprit de la société jacobine.

Il faut en dire autant des Montagnards illustres par leurs spécialités (militaire, financière, administrative), Cambon, Carnot, Prieur, Lindet, qui étaient généralement peu amis des Jacobins et n’y mirent jamais les pieds.

Dans les deux sens, comme passion et comme spécialité, la Montagne débordait la société jacobine. Mais la Montagne elle-même était bien loin de contenir la Révolution.

Dès le lendemain du 2 juin, on commence à voir des horizons nouveaux, immenses… — La Révolution semblait grande. Elle apparaît infinie. « Au delà de Marat, avait dit Desmoulins, il faut dire ce que les anciens géographes mettaient sur leurs cartes, pour les terres non visitées : Terra incognita. »

C’est cette Terra incognita qui commence à apparaître.

Du côté de Lyon, on voit poindre le mysticisme révolutionnaire de Chalier.

Vers le Nord, en Picardie, se remarque le grand partageur Babeuf, qui imprime dès 1790, et qui, en 1792 et 1793, est fort maltraité par les Montagnards. Au centre, un monde surgit sous nos pieds, une