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La mesquine figure est l’organe, la redoutable voix d’un peuple menaçant qu’on voit dans les tribunes, et qu’on voit en esprit, des cent mille Jacobins qui existent déjà, dominent dans les grandes villes. Chacun songe au retour qu’il aura dans la sienne et ne sait quel accueil il trouvera chez lui.

Robespierre n’est pas fort seulement à cette heure. Il est réellement admirable. Il pose constamment les principes. Ainsi que Duport, il attaque, il proscrit la peine de mort. Il veut (contre le vote de l’Assemblée) que tous, pauvres ou riches, soient de la garde nationale et qu’on donne des armes à tous. Ce que feront les Girondins.

Il suit les Jacobins pas à pas, ne va pas en avant encore. On a vu que l’idée de la république, qui vint à la fuite du roi, est essentiellement girondine. C’est Bonneville, Fauchet, qui en parlent d’abord.

Mais après la fameuse pétition républicaine, le massacre du Champ de Mars (en juillet 1791), Robespierre prend la charge d’épurer les Jacobins et d’expulser les tièdes. Il fait l’armée dont il va se servir. Les provinces adhèrent. Toute la France se précipite dans les bras des Jacobins. En deux mois il se fait encore six cents nouvelles sociétés.

Cette force, dès lors, était d’un effet indicible. Robespierre, au 1er septembre, étrangle et étouffe Duport, ce créateur des Jacobins. Scène unique d’histoire naturelle. Le boa constrictor des mille