Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le second point original, c’est que cette constitution, écrite pour un grand empire, prétend réaliser ce qui est si difficile dans les plus petites sociétés : l’exercice universel et constant de la souveraineté populaire. Noble utopie d’un gouvernement simple, où, ne se remettant à personne, le peuple commande et n’obéit, comme Dieu, qu’à ce qu’il a voulu.

Le troisième point, très grave, et par lequel cette constitution, telle quelle, efface celles qui l’ont précédée, c’est la pensée indiquée pour la première fois, que la loi n’est pas seulement une machine à gouverner l’homme, mais qu’elle s’inquiète de lui, qu’elle veut garantir sa vie, qu’elle ne veut pas que le peuple meure.

À quoi reconnaîtrons-nous la Loi ?… Au trait touchant qui distingue la vraie mère de la fausse dans le jugement de Salomon, et lui fait adjuger l’enfant La vraie mère s’écria : « Qu’il vive ! »

« Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »

Énoncé faible encore du premier devoir de la fraternité. Ce n’en est pas moins l’ouverture première des âges meilleurs, l’aurore du nouveau monde.

Remontez à 1792, au projet de constitution girondine écrit par Condorcet ; rien de pareil encore. L’auteur, il est vrai, promettait la loi sur les secours publics, mais une loi à part, comme si cette loi, ce