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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/200

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Le clergé, après les affaires de Fontenay, fit parler Cathelineau. Il menaça les nobles Poitevins d’emmener ses compatriotes, les paysans de l’Anjou. Lescure, le saint du Poitou, qui appartenait aux prêtres, appuya. Et tout dès lors fut sous une même influence, qui fut celle du clergé.

La seconde machine employée entre les deux combats de Fontenay, lorsque les Vendéens étaient abattus de leur échec, vint à point les relever. On leur fabriqua un évêque. Un soldat républicain, pris par eux et depuis secrétaire de Lescure[1], déclara que, sous l’habit laïque, il était en réalité un des quatre vicaires apostoliques envoyés par le pape en France, de plus évêque d’Agra. Les fameuses Sœurs de la sagesse, mêlées à toutes les intrigues, Brin, leur curé de Saint-Laurent, le curé de Saint-Laud d’Angers, le curé Bernier, tous tombent à genoux, demandent la bénédiction du fourbe. Le peuple est ivre de joie, il sonne les cloches à volée.

Le but de Lescure et des autres chefs était de faire de la Vendée une force unique, sous une même direction, et pour cela de soumettre les curés à ce

  1. Tout ceci est parfaitement établi dans le procès de l’imposteur (Guillot de Folleville, ex-curé de Dol). M. de Lescure, fort dévot, favorisa visiblement cette fraude pieuse qu’il crut utile à la guerre sainte. Guillot voyageait dans sa voiture, et M. de Lescure mourut dans ses bras, quoique à cette époque il fût déjà démasqué. (Procès manuscrit de Guillot, collection de M. Dugast-Matifeux. ) On y voit entre autres choses curieuses que, quand les Vendéens le prirent, ils lui trouvèrent sa carte de Jacobin. Et quand les républicains le prirent, il lui trouvèrent un cœur d’or qui contenait, selon le procès-verbal, « des ordures religieuses » (des reliques peut-être), et des cheveux qu’une femme, dit-il, lui avait donnés. Il était joli homme, de belles manières, nul d’esprit, doux et béat.