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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/237

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Ces hommes obstinés, acharnés, disputèrent tout le terrain pied à pied, à la baïonnette ; puis, quand ils eurent perdu Nort, ils continuèrent de se battre sur une hauteur voisine, jusqu’à ce qu’ils fussent tous par terre entassés en un monceau. L’Irlandais, percé de coups, dit à Meuris : « Pars ! laisse-moi et va dire aux Nantais d’en faire autant ! »

Meuris empoigna le drapeau. Il ne voyait plus que trente hommes autour de lui. Ils reviennent ainsi à Nantes, couverts de sang. Qu’on juge de l’impression quand on vit ces revenants, quand on apprit qu’un bataillon avait arrêté une armée, quand on demanda où il était ce corps intrépide, et qu’on sut qu’il était resté pour garder éternellement le poste où le mit la Patrie.

Les trente étaient encore si furieux du combat qu’ils ne sentaient pas leurs blessures. Foucauld était effroyable par un coup bizarre qui lui abattit la peau de la face ; le dur Breton , sans s’étonner , avait ramassé son visage, et, en allant à l’hôpital, il criait de toutes ses forces : « Vive la République ! »

Le peuple grandit en ce moment d’une manière extraordinaire. Il parla avec autorité à ses magistrats. Il fit revenir Merlin qui était déjà parti. On le retint chez Coustard, qui enfin lui fit entendre raison. Du reste, on avait coupé les traits des chevaux et dételé les voitures. Merlin, le jurisconsulte, fut forcé d’être un héros.

Si Meuris n’avait tenu huit heures à Nort, Autichamp et ses Vendéens seraient arrivés le soir, et le