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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/27

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fausse, émancipa de l’Assemblée ces quarante-quatre mille comités jacobins. Il créa une royauté sans contrôle du peuple jacobin, qui eut pouvoir, argent, terreur.

Les historiens robespierristes, qui parlent tant d’unité, ici sont vrais fédéralistes, admirent la division. Mais les grands hommes d’affaires, qui avaient les choses en mains, disent que cette grande machine était très misérable, avait des frottements infinis, criait, grinçait dans ses ressorts. À l’opération nécessaire de la réquisition s’en mêlait une autre, celle d’un terrorisme irritant, local et personnel, entre voisins, concurrents, ennemis. Un proconsul sanguinaire (il y en eut deux ou trois en 1793) terrorisait une ville, comme eût fait une inondation, sans laisser de rancune envenimée. Mais un voisin que l’on croyait toujours poussé de vieilles querelles de classe, de métier, de familles, exaspérait bien autrement. Les Italiens du Moyen-Âge étaient plus politiques. Souvent une ville en proie aux factions, pour rétablir l’ordre, voulait un bon tyran, un juge armé, un podestat. Mais elle le prenait au loin, elle voulait un étranger, et il n’entrait dans la ville qu’en jurant qu’il n’y avait ni parents ni amis, n’y connaissait personne. Au premier désordre, il frappait le coupable, sans savoir qui.

Cambon voulait que, pour l’argent du moins, ces comités fissent des comptes exacts et publics.

Chaumette demandait (pour Paris du moins) que les comités révolutionnaires des quarante-huit sec-