Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la servit comme elle voulait l’être, établissant la longue préméditation, et que pour toute défense elle ne voulait pas être défendue. Jeune et mis au-dessus de lui-même par l’aspect de ce grand courage, il hasarda cette parole (qui touchait de près l’échafaud) : « Ce calme et cette abnégation, sublimes sous un rapport… »

Après la condamnation, elle se fit conduire au jeune avocat et lui dit, avec beaucoup de grâce, qu’elle le remerciait de cette défense délicate et généreuse, qu’elle voulait lui donner une preuve de son estime : « Ces messieurs viennent de réapprendre que mes biens sont confisqués ; je dois quelque chose à la prison, je vous charge d’acquitter ma dette. »

Redescendue de la salle par le sombre escalier tournant dans les cachots qui sont dessous, elle sourit à ses compagnons de prison qui la regardaient passer, et s’excusa près du concierge Richard et de sa femme, avec qui elle avait promis de déjeuner. Elle reçut la visite d’un prêtre qui lui offrait son ministère et reconduisit poliment : « Remerciez pour moi, dit-elle, les personnes qui vous ont envoyé. »

Elle avait remarqué pendant l’audience qu’un peintre essayait de saisir ses traits et la regardait avec un vif intérêt. Elle s’était tournée vers lui. Elle le fît appeler après le jugement et lui donna les derniers moments qui lui restaient avant l’exécution. Le peintre, H. Hauer, était commandant en second du bataillon des Cordeliers. Il dut à ce titre peut-être