Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/368

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Son premier regard lui donna Jourdan ; le second lui donna Hoche ; le troisième lui donna Bonaparte.

Hoche, encore petit officier, était dans Dunkerque. Jourdan, général de brigade, était dehors, dans l’armée d’Houchard, et avec lui des hommes qui ont laissé souvenir, un homme follement intrépide, Vandamme, Leclerc, qui devint le beau-frère de l’Empereur. Carnot leur écrivit, le 20 :

« L’affaire est secondaire sous le rapport militaire ; mais Pitt a besoin de Dunkerque devant l’Angleterre. Là est l’honneur de la France. »

Cela fut compris. Le plan de Carnot était de prendre l’Anglais entre la ville qu’il assiégeait, un grand marais et la mer. Vaste filet où la proie s’était placée elle-même. Au fond était la ville de Furnes. Elle était aux mains de l’Anglais ; mais, si on la prenait aussi, le filet était fermé.

Le combat dura vingt-quatre heures, l’armée française étant vivement secondée de la place, d’où Hoche faisait des sorties. Hondschoote, poste avancé des assiégeants, fut pris et repris. Un moment nous eûmes en main un fils du roi d’Angleterre. Le représentant Levasseur, qui eut un cheval tué sous lui, suppléa à la lenteur, à l’hésitation d’Houchard, Jourdan, Vandamme et Leclerc forcèrent les Anglais de se retirer par les dunes. Le duc d’York leva le siège et recula en bon ordre. Tout le monde fut indigné ; Houchard l’a payé de sa vie. On voit cependant en réalité qu’un succès, obtenu si difficilement par ce furieux effort continué vingt-quatre