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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/460

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Si l’on croit l’un de ces prêtres (qui lui-même avoue ne pas être entré dans la salle), ils auraient passé la nuit à parler de religion. Pour le croire, il faudrait bien peu connaître ces temps et la Gironde.

« De quoi donc parlèrent-ils ? »

Pauvres gens, pourquoi vous le dire ? Êtes-vous dignes de le savoir, vous qui pouvez le demander ?

Ils parlèrent de la République, de la Patrie. C’est ce que dit en propres termes leur compagnon de prison.

Ils parlèrent (nous l’affirmons et le jurons au besoin) de la France sauvée par la glorieuse bataille qui la fermait à l’invasion. Ils y trouvèrent la consolation de leurs malheurs et de leurs fautes. Nul doute qu’ils n’aient senti ces fautes, qu’ils ne se soient repentis d’avoir compromis l’unité. Vergniaud le dit lui-même : « Je n’ai écrit ces choses qu’égaré par la douleur. » Noble aveu devant la mort, et d’un homme qui ne voulait ni n’attendait la vie.

Fondateurs de la République, digne de la reconnaissance du monde pour avoir voulu la croisade de 1792 et la liberté pour toute la terre, ils avaient besoin de laver leur tache de 1793, d’entrer par l’expiation dans l’immortalité.

Le 30 octobre se leva pâle et pluvieux, un de ces jours blafards qui ont l’ennui de l’hiver et n’en ont pas le nerf, la salutaire austérité. Dans ces tristes jours détrempés, la fibre mollit ; beau-