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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/468

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La loi, c’est le mode d’action, c’est la roue, la meule. Mais qui tourne cette roue ? Mais cette meule, que moud-elle ? — Mettez-y le grain, le dogme, — sinon, la meule tourne à vide, elle s’use, elle va frottant ; elle pourra se moudre elle-même.

Les deux partis raisonneurs, les Girondins, les Jacobins, tinrent peu compte de ceci. La Gironde écarta entièrement la question, les Jacobins l’éludèrent. Ils crurent payer Dieu d’un mot.


Toute la fureur des partis ne leur faisait pas illusion sur la quantité de vie que contenaient leurs doctrines. Les uns et les autres, ardents scolastiques, ils se proscrivirent d’autant plus que, différant moins au fond, ils ne se rassuraient bien sur les nuances qui les séparaient qu’en mettant entre eux le distinguo de la mort.

Eh bien, ces drames terribles, cette horreur, ce sang versé, tout cela ne remplissait pas le vide infini de l’âme nationale. Tout l’ennuyait également.

— Et elle attendait.


Les deux génies de la Révolution, Mirabeau, Danton, son grand homme, Robespierre, n’eurent pas le temps d’observer (emportés par l’ouragan) ce qu’elle avait précisément à faire pour perdre le nom de révolution, devenir création.

Elle devait, sous peine de périr, non seulement codifier le dix-huitième siècle, mais le vivifier,