directeur du Journal de la Montagne, qui venait d’y faire pour lui un article religieux. Les Jacobins lui ôtèrent la direction du journal, et ils nommèrent président de la société Anacharsis Clootz.
Le soir même de la grande séance, Clootz avait été aux comités tâter Robespierre. Il le trouva exaspéré, mais se contenant. Robespierre, sans toucher le fond, ni faire pressentir sa dénonciation prochaine, ne dit que ce petit mot : « Vous vouliez nous gagner la Belgique catholique, et vous la mettez contre nous ! »
Pendant que Clootz parlait à Robespierre, Chaumette, de retour à la Commune, siégeant au conseil général, fît la demande hardie que la fête de la Raison, qui devait se faire au Cirque du Palais-Royal, se fit dans l’église même de Notre-Dame, au lieu et place du culte supprimé, et sur son autel. Il prenait là une position agressive contre les comités. Ils résolurent d’y répondre par un coup de terreur sur la Convention. Terrorisée, elle servirait elle-même d’arme pour écraser la Commune.
Ils avaient en main une affaire sérieuse, à faire trembler la Montagne, à troubler chacun pour soi. Il n’y avait pas un Montagnard qui n’eût sauvé quelques proscrits. Les plus terribles en paroles étaient souvent les plus humains. On avait preuve qu’un des purs, un de ceux qui portaient le mieux le masque de la terreur, cachait chez lui une femme, une jeune femme émigrée. Cette femme éperdue de peur s’était mise dans l’antre du lion,