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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/52

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loirs se rapprochait de plus en plus. Un député essaya de sortir, et on lui mit le sabre sur la poitrine. Isnard réussit à faire passer à la garde nationale l’ordre de faire évacuer les portes et de rétablir la circulation.

Nouveaux cris, réclamations furieuses. La Montagne force le commandant de la garde nationale de comparaître à la barre, de produire ses ordres. L’Assemblée, loin de blâmer, décide qu’il est admis aux honneurs de la séance.

La Convention, à ce moment, était encore maîtresse de son sort ; elle pouvait encore assurer sa liberté. Elle pouvait décréter que la réquisition de la force armée n’appartenait qu’à elle seule.

Mais voilà que le maire arrive, et, devant lui, l’honnête et sensible Garat, ministre de l’intérieur, que le maire pousse à la tribune. Ce pauvre homme, dans un long discours philanthropique et pleureur, jure qu’il parle « comme s’il était aux pieds mêmes de l’Éternel ». — La Convention n’a rien à craindre ; elle peut s’en assurer, se porter elle-même dans les flots du peuple… « En parlant ainsi, dit-il, je ferais tomber sur moi l’horreur d’un attentat qui serait commis. » On peut se confier au maire : « Je l’avais cru froid, mais si vous aviez pu voir avec quelle chaleur, quelle indignation il a repoussé l’idée d’arrêter des représentants !… »

La Convention, détrempée de l’homélie de Garat, écouta ensuite le maire, qui redit les mêmes choses. Il était tard, on s’en allait : le président partit aussi. Avait-il levé la séance ? On l’ignore, dans l’état de