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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/520

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nombre de Montagnards, inattaquables sous les deux rapports, n’en étaient pas moins en péril, ceux surtout qui, dans leurs missions, avaient été obligés par la loi du salut public d’agir en dictateurs, en rois, qui avaient fait et dû faire cent choses illégales, qui, sur chaque point de la France, s’étaient préparé des légions d’accusateurs. Maintenant les faiseurs de discours, les sédentaires, les assis, les croupions, qui n’avaient jamais eu occasion de se compromettre avec les affaires, n’allaient-ils pas, à leur aise, recueillir ces accusations, éplucher cruellement la conduite de leurs collègues sacrifiés dans les missions, et dire : « Seuls, nous sommes purs ! » Chose facile à qui n’a rien fait.

Mais ceux qui avaient ces craintes étaient, après tout, trop heureux, si, en oubliant leurs services, on oubliait aussi leurs fautes. Les comités lurent en eux cette pensée et cette peur. Et, le 18, ils présentèrent hardiment la grande loi gouvernementale qui fondait la monarchie des Comités de salut public et de sûreté générale, brisant à leur profit d’une part le pouvoir de la Commune de Paris, d’autre part celui des représentants en mission.

Cette loi fut présentée par Billaud-Varennes, qui, le 6 septembre, avait été porté au Comité par la victoire de la Commune. On le croyait hébertiste. Mais, quelles que fussent ses sympathies pour le mouvement d’Hébert et Chaumette, elles étaient bien moins fortes que ses haines pour les représentants illustrés par leurs missions. Billaud n’avait pas brillé dans la sienne à