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Cassera-t-on la commission ? — Punira-t-on Henriot, qui, au mépris de la loi, a voulu faire tirer le canon d’alarme ? — Voilà la discussion.

« Il faut, dit Vergniaud, que la Convention prouve quelle est libre ; il ne faut pas qu’elle casse aujourd’hui la commission ..... Il faut qu’elle sache qui a donné l’ordre de tirer le canon d’alarme ..... S’il y a un combat, il sera, quel qu’en soit le succès, la perte de la République… Jurons tous de mourir à notre poste ! »

L’Assemblée presque entière jura.

Et à ce moment même elle entendait avec indignation le canon d’alarme. Les violents étaient enfin parvenus à faire tirer.

Cette audacieuse violation de la loi, ce signe solennel du mépris qu’on faisait de l’Assemblée pouvait jeter celle-ci dans quelque résolution forte. Cela rendait difficile la réponse que Danton allait adresser à Vergniaud. Il la fallait modérée pour retenir l’Assemblée ; il la fallait violente pour satisfaire aux tribunes, qui attendaient haletantes le mot de Danton. Il donna à celles-ci quelques paroles à leur guise ; mais, en général, il fut très prudent, très politique, déclara ne préjuger rien, ni dans un sens ni dans l’autre, demanda non la cassation, mais seulement la suppression de la commission des Douze, comme mesure d’utilité. « Cette commission, dit-il, a eu le tort de frapper ceux qui attaquaient le modérantisme ; et ce modérantisme, il faut que la France le tue, pour sauver la République… Nous devons