Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/123

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lopper neuf départements. Poursuivrait-on le fédéralisme de Normandie et de Bretagne ? — C’était l’immense question. Lindet la soumit aux comités, à la Convention, qui parurent croire, comme lui, que, les chefs frappés, il fallait négliger, le reste, fermer les yeux. Mais Lindet, en obtenant cette décision si importante, ne put tirer un seul mot, ni dans un sens ni dans l’autre, de la bouche de Robespierre. Il resta silencieux, immobile, gardant, par ce cruel mutisme, une prise sur ses collègues, et se réservant de pouvoir leur dire un jour : « Vous avez innocenté le fédéralisme. »

Cela était injuste, ingrat. Il fallait noblement honorer, rassurer ceux qui, dans la crise horrible de l’été de 1793, dans l’éclipsé du Comité de salut public, avaient par leur habileté ou leur énergie personnelle sauvé le pays.

Il était dur de chicaner avec Lindet et Phelippeaux, dont l’ascendant avait brisé la Gironde dans l’Ouest. Dur de dire à Merlin, Briez, qui, de leur corps, avaient couvert la France désarmée, ce mot étrange : « Êtes-vous morts ? » Dur d’accuser Dubois-Crancé, qui, par un effort inouï, dans son abandon de trois mois, seul maintint tout le Sud-Est contre la Gironde, contre l’ennemi, contre le chaos, organisa l’affaire énorme du siège de Lyon et pour récompense fut ramené prisonnier.

Les noms de ces hommes héroïques, de tant d’autres moins connus qui sauvèrent la France, ceux de Baudot et Lacoste qui nous ont donné le