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de Merlin : il courut follement le cerf (sans doute avec les chiens du roi) ; Robespierre en concluait qu’il avait dû rapporter de Mayence une fortune royale.

Cet étrange moraliste, l’œil armé d’un microscope, qui grossissait horriblement, voyait les délits de ce genre juste au niveau de la trahison de Toulon ou de celle de Dumouriez. Il voyait ce qu’on lui montrait, accueillant crédulement tout ce qui venait des départements contre les représentants du peuple, tous les témoins furieux qui venaient leur faire expier leur dictature éphémère, et sommaient Robespierre de les accuser.

Du 15 janvier au 13 mars, ces représentants revenant un à un, Robespierre les attendait, dans une inertie calculée, perdant le temps aux Jacobins, faisant le malade, voulant les voir arriver tous, avec toutes les accusations des départements, pour commencer le procès.

Dangereux procès ! injuste ! qui, ouvert par lui contre ses ennemis, a continué après lui contre ses amis[1], contre la Révolution ! Ce procès, en 1795, a

  1. Qu’étaient ces deux cents représentants qui avaient eu des missions ? La Convention agissante, l’énergie de la Convention, et ce qu’il y avait de plus sûr pour la République. Je ne m’étonne pas qu’en prairial, Albitte ait demandé qu’on leur confiât exclusivement le pouvoir. Quelles mains plus pures, plus héroïques eût-on trouvées que celles de Romme, Soubrany, Goujon, Baudot, J.-B. Lacoste, etc. ? Robespierre fut très dur pour eux, en les empêchant (le 6 avril et toujours) de rendre compte de leur fortune avant et après leur mission, c’est-à-dire de constater leur glorieuse pauvreté. Ceux même d’entre eux qui étaient foncièrement robespierristes, il ne les soutint que très indirectement contre leurs ennemis. Lebon, par exemple, étant accusé (en juin), Robespierre n’osa le défendre, il le fit défendre aux Jacobins