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— Billaud détourna le péril : « C’est Hérault sans doute, dit-il, Hérault, l’ami de Proly. »

Il n’y avait point de meilleur patriote qu’Hérault, ni d’homme plus innocent. Son crime fut sa légèreté, ses liaisons faciles avec tout le monde, ses agréments personnels ; il était suivi, pas à pas, par une belle royaliste qui l’aimait éperdument. Simon et lui avaient voulu sauver un homme soupçonné d’émigration.

Hérault, l’un des rédacteurs de cette constitution tant vantée, Hérault, président de la fête du 10 août, et comme consacré lui-même et par la coupe et par l’urne qu’il y tint au nom du peuple ! Hérault, qui, avec Camille, fut au plus profond du cœur de Danton !… Le coup était frappé bien près. Qui allait suivre ? Quelle serait la première victime ? Les dantonistes frémissants apprirent le 18 au matin qu’au contraire on frappait les rangs opposés ; on venait d’enlever Chaumette.

Coup imprévu, que rien ne commandait que cet à-propos de bascule.

Mort dès longtemps était Chaumette, mort son conseil général. Il semblait du reste accepter parfaitement sa nullité. Il ne décidait plus rien, renvoyait aux comités gouvernants les moindres affaires douteuses.

Quelque peu important qu’il fût devenu, l’arrestation du pauvre apôtre de la Raison n’en fut pas moins pour le monde prêtre et le monde royaliste une délicieuse surprise. Les prisonniers du Luxem-