Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/163

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France de 1792 parut respirer dans un homme, quand de ses yeux, de ses paroles, partaient les éclairs et les foudres, quelque chose de César avait apparu, et de plus grand que César… car c’était la Révolution.

Du reste, pour épargner la peine de le chercher, on l’écrivit en toutes lettres. Dans le procès d’Hébert, partout où l’on mentionnait le dictateur et le grand juge, partout, à la place du nom de Pache, on mit hardiment le nom de Danton.

Chaque fois, le juge Coffinhal, dur et violent Auvergnat lié à Robespierre d’une fidélité auvergnate, et tout comme son chien Brount, mais attaché jusqu’au crime et prêt à tout faire sans le consulter, prenait les notes d’audience, les dépositions de témoins, les réponses des accusés, ces paroles suprêmes et sacrées de gens si près de mourir ; il bâtonnait cyniquement devant témoins, sans se cacher ; bien plus, il changeait, ajoutait. Et le produit dégoûtant de cette infâme cuisine, il le passait à Nicolas, l’imprimeur du tribunal.

Les robespierristes, sans nul doute, poussaient à la mort de Danton, qui leur apparaissait comme leur propre avènement. Ils étaient généralement le parti de l’ordre, et mêlant bizarrement, la plupart à leur insu, leurs secrets instincts monarchiques à leurs idées républicaines, ils plaçaient l’ordre en l’unité, l’unité en Robespierre. Deux reines des abeilles, c’est trop, disaient-ils pour la ruche ou la République ; la dictature veut l’unité.