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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/166

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que les suspects avaient fait depuis 1789 : « Oui, dit Danton, et aussi de ce qu’ont fait les membres de ces Comités. » Ces membres étaient tous Jacobins. Cet amendement appelait les Jacobins qui faisaient rendre compte aux autres, à rendre aussi compte eux-mêmes. La Convention le renvoya timidement au Comité de salut public. Danton, effrayé de s’être avancé à la légère, recula le lendemain et parla comme Saint-Just.

Mais les dantonistes étaient plus audacieux que Danton. Une chose leur donna cœur. Le mot prononcé le 18 par Danton en faveur de la Commune fut reproduit le soir même aux Jacobins par Collot d’Herbois. Il fit révoquer une adresse que la société avait signée de confiance, adresse robespierriste. Danton et Collot parlant dans le même sens, n’était-ce pas un signe décisif que la grande alliance était consommée ?

C’est ce qu’on crut et qu’on fit croire à un homme d’exécution, le fougueux Bourdon (de l’Oise). Ce sanglier était celui qu’on lançait dans l’occasion (19 mars 1794[1]).

Ramassant toutes ses forces, hérissant sa barbe rousse, moitié courage et moitié peur, Bourdon fit

  1. Une chose, très irritante, inspira peut-être Bourdon (de l’Oise) : l’arrestation de l’homme qui figurait plus que personne l’esprit de 1793, le chef du jury de la reine, du jury des Girondins, Antonelle.

    Il avait flotté, disait-on. Mais surtout il avait blessé, publiant, faisant imprimer tous les considérants de ses sentences, œuvre terroriste et pourtant de liberté très hardie, cù plus d’une fois il honora ceux qu’il envoyait à la mort. (Archives. Registres du Comité de sûreté générale.)