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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/168

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Robespierre n’avait en réalité aucune autre force. Il tombait à plat, si le vote surpris pendant son absence avait été maintenu.

On l’avertit. Il accourt, et Couthon aussi. Couthon commence, à genoux, par les plus humbles paroles : « Je prie la Convention, je la supplie de renvoyer à ses comités la chose en question, s’ils ont toujours sa confiance (Oui, oui.), si leurs efforts pour la mériter ont le succès qu’ils désirent. »

On avait averti un membre du Comité de sûreté, et l’un des plus estimés, Moïse Bayle. Il vint et témoigna qu’en effet Héron, dans plusieurs besoins, s’était montré adroit et hardi.

Robespierre commença alors, et, comme toujours, mit les choses sur le terrain de la morale, de l’humanité. « Nous sommes pressés entre deux crimes, dit-il ; les deux factions agissent pour envelopper tous les patriotes dont on redoute l’énergie. Hier encore un membre fît irruption au Comité et, avec une fureur impossible à rendre, demanda trois têtes. »

Chacun se disait : « En suis-je ? »

Robespierre, voyant alors qu’il avait la partie gagnée, tomba dans l’attendrissement : « Pressés entre deux crimes, nous pouvons être étouffés ; le plus heureux pour nous, c’est de mourir, d’être délivrés du spectacle douloureux de la bassesse et du crime. (Non, non, dit la Convention.)… Mais, si l’Assemblée veut encore atteindre la palme de la gloire, si nous voulons tous, au sortir de notre