Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/188

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étaient tentés d’arrêter, comme alarmistes, ceux qui colportaient la nouvelle.

La Convention s’assemble. Legendre monte à la tribune. Un tel coup, frappé si près, venait à lui visiblement. Il demande que les représentants arrêtés soient entendus. La Montagne frémissait, appuyait.

Robespierre, averti, arrive : « En quoi Danton a-t-il mérité un privilège ? En quoi diffèrent Danton et son collègue Chabot ?… Pourquoi se défîe-t-on de la justice ?… Quoi ! lorsque l’égalité triomphe partout, on l’anéantirait dans cette enceinte !… Qu’avez-vous fait jusqu’ici que vous n’ayez fait librement ?… Quiconque tremble est coupable ! Jamais l’innocence ne redoute la surveillance publique ». (Applaudissements de la droite.)

« Plus d’idoles ! plus de privilèges !… Nous verrons si la Convention saura briser une idole pourrie, ou si, dans sa chute, elle écrasera la Convention !

« Moi aussi, on a voulu m’inspirer des craintes, me faire croire que le danger de Danton irait jusqu’à moi. On comptait sur le souvenir d’une ancienne liaison… Rien n’a effleuré mon âme… Que le danger m’atteigne, je ne le regarde pas comme une calamité publique.

« Les coupables ne sont pas nombreux ; j’en atteste la presque unanimité avec laquelle vous votez pour les principes… Nous savons que quelques membres ont reçu des prisonniers la mission de demander quand finiraient les pouvoirs des comités… De qui tiennent-ils leurs pouvoirs, si ce n’est de la patrie ?… Cette discussion elle-même est une offense contre elle…