Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/218

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Camille regardait le couteau ruisselant de sang : « Digne récompense, dit-il, du premier apôtre de la liberté ! » 11 se sépara alors d’une boucle de cheveux qu’il tenait entre ses doigts et pria le bourreau de rendre à la mère de Lucile ce gage suprême d’amour.

Danton mourut simplement, royalement. Il regarda en pitié le peuple à droite et à gauche, et, parlant à l’exécuteur avec autorité, lui dit : « Tu montreras ma tête au peuple ; elle en vaut la peine. »

L’exécuteur obéissant la releva en effet, la promena sur l’échafaud, la montra des quatre côtés.

Il y eut un moment de silence… Chacun ne respirait plus… Puis, par-dessus la voie grêle de la petite bande payée, un cri énorme s’éleva et profondément arraché.

Cri confus des royalistes soulagés et délivrés, simulant l’applaudissement : « Qu’ainsi vive la République ! »

Cri sincère et désespéré des patriotes atteints au cœur : « Ils ont décapité la France ! »