Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/237

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un ennemi de la République. Ils le traînèrent au district. La difficulté était qu’il ne pouvait plus faire un pas. Ses pieds étaient déchirés. On le hissa sur une misérable haridelle d’un vigneron qui passait. Ce fut dans cet équipage que cet illustre représentant du dix-huitième siècle fut solennellement conduit à la prison de Bourg-la-Reine. Il épargna à la République la honte du parricide, le crime de frapper le dernier des philosophes sans qui elle n’eût point existé.

Deux révolutions frappées, deux siècles en deux hommes, le dix-huitième en Condorcet, le dix-neuvième en Lavoisier.

Le premier avait fermé les temps polémiques ; le second ouvrait les temps organiques, commençait l’âge nouveau par la création d’une science, celle qui non seulement ouvrit le sein de la nature, mais fit de l’homme un créateur et une seconde nature.

Nous en parlerons tout à l’heure ; mais nous devons auparavant terminer un grand sacrifice, l’extermination de la Commune, l’extinction (en Chaumette) de cette force populaire qui, sous forme triviale, si l’on veut, n’en avait pas moins été, un an durant, la plus intense fécondité de la Révolution. Dans ses misères, dans ses bassesses, Paris engendrait pour le monde.