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des illustres Rovères d’Italie, tantôt petit-fils d’un boucher. Ce caméléon donna le plus surprenant spectacle. Avec Jourdan il organisa dans le Midi la première de ces bandes noires qui achetaient à vil prix les biens nationaux. Les complices furent des royalistes, les agents des émigrés, les parents, amis de ceux que Jourdan avait massacrés. Cet intelligent Rovère leur fit aisément comprendre qu’ils pouvaient, en profitant de la simplicité révolutionnaire, sur les dépouilles des morts, de leurs propres morts, faire les plus beaux coups. La Révolution elle-même avait travaillé pour eux ; elle les faisait peu nombreux, et il ne tenait qu’à eux qu’elle ne les fît héritiers. Ils commencèrent à reconnaître que la Terreur avait du bon. Les marquises sympathisèrent fort avec M. de Fonvielle, que dis-je ? avec M. Jourdan. « Hélas ! disaient-elles en soupirant quand on lui fit son procès, on nous ôte M. Jourdan quand il revient aux bons principes. »

On guillotina Jourdan. Rovère resta à la Montagne, muet, tapi dans les rangs des dantonistes qu’il déshonorait. Ce furent eux cependant, précisément les dantonistes, qui firent, comme on vient de le voir, arrêter son associé.

Les faits qui précèdent indiquent combien rarement, difficilement venait la lumière.

Même chez les robespierristes, qui, d’après les vertus de leur maître, affectaient de grands dehors d’abstinence et d’austérité, on a vu la fortune subite du Jacobin Nicolas, ouvrier en 1792, posses-