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section, celle des Piques ou de la place Vendôme, la section de Robespierre.

Comment s’y était-il glissé ? Dans le trouble du 2 septembre. Dans ce jour où tout le monde se tenait chez soi, il jugea, non sans raison, qu’il y avait plus de sûreté pour un ci-devant au sein même de sa section. Il quitta sa rue (déserte alors), la rue Neuve-des-Mathurins, et vint le soir aux Capucines, près de la place Vendôme. Les amis de Robespierre n’y étaient pas, s’étant portés aux Jacobins. Il n’y avait pas grand monde et personne qui sût bien écrire. De Sade n’était connu que comme un homme qui avait été en prison sous l’Ancien-Régime. Il avait l’air doux et fin, était blond, un peu chauve et grisonnant. « Voulez-vous être secrétaire ? — Volontiers. » Il prend la plume.

Notre homme calcula fort juste qu’il ne fallait pas, avec tous ses précédents, se mettre trop en avant. Il prit un rôle tout à la fois actif et paisible, le métier de philanthrope. Bonne âme qui employait tout son temps aux hôpitaux. Il fit des rapports là-dessus, fort goûtés de la section. Quand on parla de créer l’armée révolutionnaire à quarante sols par jour, il saisit l’occasion, prit en mains cette affaire populaire et fut nommé d’enthousiasme président de la section.

Cela le mit trop en lumière. Vers la fin de 1793, la Commune essayant d’appuyer son nouveau culte sur une épuration morale, la guerre aux filles,