Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/293

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à Versailles, marchand de la Cour, n’en avait pas moins travaillé contre la Cour, aux dépens de son intérêt visible. Il était fort entreprenant, ardent philanthrope, à Sèvres, où il blanchissait ses toiles, il avait bâti pour les pauvres, les logeait, les occupait, leur faisait des avances. Le 6 octobre, il prit le commandement de la garde nationale, abandonnée de son chef, remplaça à lui seul la municipalité qui s’était enfuie. Nommé à la Législative, il dénonça Narbonne, Beaumarchais et d’autres. À la Convention, il demanda, au nom de l’humanité, que le prisonnier du Temple pût communiquer avec sa famille, et n’en vota pas moins la mort sans appel et sans sursis. On a vu la demande hardie de Lecointre pour que l’Assemblée imposât une surveillance à l’arbitraire illimité des comités révolutionnaires. Mais ce qui étonna le plus, ce fut qu’au 30 août 1793, Robespierre étant président, Lecointre crut apercevoir qu’il proclamait comme décrétée une chose non votée encore, et lui dit ces propres paroles : « Monsieur, je vous apprendrai à respecter les volontés de la Convention nationale. » Robespierre en sortant lui demanda tranquillement pourquoi, par cette apostrophe, il avait excité l’Assemblée contre lui. Et Lecointre répliqua : « Tu me connais, je n’ai point abattu un tyran pour en subir un autre. » On le crut devenu fou.

Ce sont ces sorties de Lecointre, celles de Bourdon (de l’Oise), celles de Ruamps et Bentabole (anciens maratistes) qui ont préparé Thermidor. Les intrigues