Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/307

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sèment. Chacun avait la larme à l’œil. Legendre et Rousselin demandèrent qu’en présence de tels dangers que couraient les membres du gouvernement, on leur donnât une garde. Robespierre sentit le coup, le piège maladroit des dantonistes. Il repoussa violemment, aigrement cette proposition insidieuse, la regardant comme un couteau plus aigu que ceux de Cécile Renaud.

La vrai garde eût été le peuple. Payan le sentit. Cet ardent méridional, mis à la place de Chaumette à la Commune de Paris, s’empara habilement d’une loi de bienfaisance votée par la Convention. Il fit voter quinze sols par jour pour les mendiants. Au besoin, c’était une armée.

Saint-Just allait arriver, et Lebas, s’il le fallait, toutes les influences militaires. Ces rapides retours de Saint-Just avaient été souvent terribles. Barère, qui avec les autres avait signé sa lettre de rappel, était parfaitement averti. Si Robespierre n’eût craint le ridicule de paraître avoir peur, il eût écrit seul à Saint-Just. Et alors Barère, ignorant sa démarche, n’eût pas devancé Saint-Just, en donnant à Robespierre le plus violent coup de Jarnac que sa main gasconne eût jamais porté.

Il était convenu au Comité de salut public qu’au moment où notre flotte s’ébranlait de Brest pour combattre la flotte anglaise, il fallait profiter des assassinats, rejeter le tout sur Londres, créer à notre marine la nécessité de vaincre, décréter qu’on ne ferait plus de prisonniers de ce peuple assassin.