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de sa fatalité ; elle en était un pas nécessaire et logique[1].

Cette loi qu’on demandait à la Convention, avant d’être, elle agissait ; elle régnait dans le Midi. Elle était déjà le code du tribunal que les robespierristes avaient établi à Orange.

Suivons bien l’ordre des faits.

Quand Saint-Just, le 31 mars, demanda la mort de Danton, il dit nettement à l’Assemblée que ce sacrifice était le dernier, qu’après « elle serait tranquille ». Toute la France prit ce mot pour elle. Et elle le crut bien plus quand, le 15 avril, Saint-Just fît voter les commissions qui devaient purger les prisons, quand Couthon, le 7 mai, obtint que les tribunaux révolutionnaires de département seraient supprimés et toute justice politique concentrée à Paris.

Une espérance effrénée surgit tout à coup ; une immense réaction d’indulgence chez les patriotes, d’audace chez les royalistes, apparut à l’horizon dans l’Ouest et le Midi.

Les résultats déplorables du système d’extermination suivi l’hiver dans la Vendée avaient rejeté les esprits dans une voie tout à fait contraire. Les réclamations de Lequinio, vivement appuyées

  1. Cette tentative était-elle un tour de jésuite ou de procureur par lequel Robespierre voulait escamoter ses ennemis ? C’est ce qu’assurent ses enthousiastes de l’école catholico-robespierriste. Ils soutiennent qu’il ne voulait rien qu’attraper subtilement une douzaine de Montagnards, leur faire voter leur propre mort, que l’immense accélération du mouvement de la Terreur qui résulta de cette loi lui fut tout à fait étrangère. Autrement dit, que le machiniste maladroit, pour tuer ce petit nombre d’hommes, aurait sottement fabriqué cette immense et épouvantable guillotine à la vapeur.